Cette chanson parle du créateur supposé des Groenlandais. Ceux-ci appartiennent en effet au groupe des inuit (les hommes) mais ils se nomment eux-mêmes kalaallit; ce nom est probablement formé autour de la racine Kalak, qui était non seulement le maître du monde, mais également son créateur; il avait donc droit à un respect absolu. Mais dans le langage courant d'aujourd'hui, le terme Kalak est devenu une insulte: on appelle Kalak celui que l'on méprise un peu, que l'on considère comme attardé. Ce renversement de valeur est probablement dû à l'influence des missionnaires. On trouve en effet un cas similaire dans la littérature des missionnaires et des marchands avec un autre représentant du panthéon groenlandais: Toornaarsuk. Du temps du chamanisme, il était le plus puissant des esprits auxiliaires: on faisait appel à lui en dernier recours, lorsque tous les autres esprits échouaient. Lorsque les missionnaires sont arrivés, ils n'ont nié ni sa présence, ni sa puissance, mais ils ont vu en lui le diable. A force de persévérance, ils ont imposé beaucoup de notions de leur austère protestantisme luthérien; Toornaarsuk a ainsi basculé pour beaucoup de Groenlandais du côté des forces maléfiques. Bien que Kalak ne soit a priori jamais mentionné par les étrangers qui ont vécu au Groenland, on peut imaginer que le processus ait été le même: pour les missionnaires, Dieu était bien sûr l'Unique Créateur ; si Kalak existait, il ne pouvait que lui être inférieur.