ethnographiques.org

Philippe Geslin

« Le crayon de Dieu n'a pas de gomme».
Objets ventriloques, humour et joutes verbales dans les rituels d’initiation chez les Soussou de Guinée.

http://www.ethnographiques.org/2005/Geslin.html


Annexe 4 : La notion de temps chez les Soussou

La notion de temps chez les soussou s’utilise dans le sens de moment "téémú" ou d’époque "béré". Téémú désigne une période précise, un moment de la journée, de l’année ou de la vie, lié à une activité socialement déterminante. Béré traduit une période aux limites plus floues. Cette notion renvoie plus souvent à celle de jeu ("béré-de" passer le temps, jouer). Elle ne semble pas liée aux activités nécessaires à la reproduction de la société (travaux agricoles, rites et rythmes d’activité, etc.) Les saisons qui composent le calendrier susu sont au nombre de quatre. Mais il est plus fréquent de faire référence aux deux saisons principales, la saison sèche "sogo-furé"  et la saison des pluies "gnèmè". Elles regroupent en définitive chacune deux périodes "tému" qui illustrent moins la rupture entre deux aspects météorologiques tranchés (soleil/pluie) que leur progression ("tunè-birè" et "na-raxarè") vers un état paroxismal ("gnèmè" et "sogo-furé"). Les quatre saisons comprennent douze lunaisons "kigé" ou mois "kiké". Les grandes divisions du calendrier traditionnel sont fournies par les conditions météorologiques et par les produits consommés notamment en fin de période de soudure ("xabi-donyi"  et "wurè-donyi"). La semaine est de sept jours et chaque jour est divisé en quatorze périodes. Les éléments de structuration sont déterminés par les phénomènes naturels, les activités économiques, religieuses et ludiques.
Dans le passé, des mariages et les cérémonies de circoncision des jeunes hommes et d'excision des jeunes filles étaient célébrés à la fin de la période rizicole, après les récoltes en fin de saison des pluies, au mois de février. Ces cérémonies ne se réalisent plus à cette période. Elles ne se répètent plus systématiquement chaque année. Elles ne coïncident plus aux cycles des récoltes. On se marie aujourd’hui lorsque les sommes accumulées permettent entre autre d’acheter la quantité de riz nécessaire à ce type de cérémonie. Selon les anciens, c'est la raison pour laquelle dans le passé, les mariages et les rites de circoncision et d'excision étaient célébrés lorsque les greniers à riz étaient pleins.